lundi 26 août 2013

La guerre en Syrie entre dans une «phase dangereuse», prévient John Baird


Photo : Jacques Nadeau - Archives Le DevoirJohn Baird a refusé de réclamer une intervention militaire en Syrie, et ce, même si les pays occidentaux sont de plus en plus nombreux à être en faveur de cette solution.

Toronto — La guerre en Syrie est entrée dans une «phase dangereuse» a prévenu lundi le ministre des Affaires étrangères, John Baird, alors que Washington a annoncé avoir des preuves «indéniables» qu'une attaque aux armes chimiques avait eu lieu dans le pays déchiré par la guerre civile.

M. Baird a fermement condamné l'assaut mené à Damas par des tireurs embusqués contre le convoi des Nations unies transportant l'équipe chargée d'enquêter sur la présumée attaque du 21 août, qui aurait coûté la vie à des centaines de civils selon des militants syriens.

Qualifiant ce geste «d'odieux», le ministre a rappelé au régime syrien qu'il avait le devoir fondamental de protéger ces représentants de l'ONU et de la communauté internationale.

Le secrétaire d'État américain, John Kerry, a affirmé lundi qu'il existait des preuves «indéniables» que des armes chimiques avaient été utilisées en Syrie dans le cadre d'attaques de grande envergure.

Il a soutenu que le massacre de civils innocents à l'aide de substances chimiques était une véritable «obscénité sur le plan moral».

Le gouvernement syrien a accusé les forces rebelles d'avoir ouvert le feu sur le convoi onusien alors que l'opposition a mis cet assaut sur le compte d'une milice pro-gouvernementale.

John Baird a refusé de réclamer une intervention militaire en Syrie, et ce, même si les pays occidentaux sont de plus en plus nombreux à être en faveur de cette solution advenant le cas où l'utilisation d'armes chimiques par les troupes du président Bachar al-Assad était confirmée.

«Je pense que nous allons commencer par recueillir les faits grâce à l'équipe des Nations unies sur le terrain, a-t-il indiqué. Le premier ministre et moi demeurons en contact avec trois de nos principaux alliés à ce sujet. Nous allons travailler avec eux et, lorsqu'il y aura de nouveaux éléments à rapporter, nous le ferons.»

Selon les représentants du gouvernement américain, le président Barack Obama n'a pas encore décidé comment réagir à l'utilisation de gaz toxique en Syrie. L'an dernier, la Maison-Blanche avait déclaré qu'un tel geste serait inadmissible.

La France, la Grande-Bretagne, Israël et certains membres du Congrès des États-Unis ont affirmé qu'il fallait considérer la possibilité d'une intervention militaire en sol syrien. La Russie a toutefois soutenu que les nations occidentales qui voulaient recourir à la force militaire n'avaient aucune preuve que le régime Assad était responsable des attaques aux armes chimiques.

M. Baird a précisé que le Canada continuerait à collaborer avec ses partenaires internationaux et à évaluer les options.

«Le Canada croit qu'une solution politique est le seul moyen de mettre fin au bain de sang en Syrie, a-t-il insisté. Cependant, nous comprenons que cette solution est de plus en plus difficile alors que la crise entre dans une nouvelle phase très dangereuse.»

Plus de 100 000 personnes ont été tuées en Syrie depuis que le président Assad a tenté de réprimer un soulèvement populaire inspiré du Printemps arabe en mars 2011.

Par Allison Jones