samedi 15 décembre 2012

Bombardements en Syrie, mise en garde de l'Iran

DUBAI (Reuters) - Le déploiement de missiles antimissile Patriot dans le sud de la Turquie, à la frontière avec la Syrie, préparerait le terrain à une "guerre mondiale", a mis en garde le chef d'état-major de l'armée iranienne cité samedi par l'agence de presse iranienne Isna.

Sur le terrain, l'aviation syrienne a bombardé samedi des positions tenues par les insurgés à l'est de Damas tandis que l'artillerie pilonnait une zone située au sud-ouest de la capitale syrienne, a-t-on appris auprès d'opposants.

Des chasseurs de l'armée de l'air ont visé samedi la route menant à l'aéroport international. Des roquettes se sont abattues sur d'autres secteurs contrôlés par les insurgés. A Yarmouk, le camp de réfugiés palestiniens dans le sud de Damas, des activistes ont fait état de violents affrontements entre les rebelles et des miliciens palestiniens pro-Assad.

Les forces régulières, qui ont de plus en plus recours à l'aviation et à l'artillerie pour tenter d'endiguer leur progression, tentent depuis un mois environ de reprendre des secteurs proches de Damas où les rebelles se sont installés.

Dans le nord du pays, les rebelles ont annoncé la prise d'un collège d'infanterie de la province d'Alep, mais l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH), proche de l'opposition, indiquait en fin de journée que les combats se poursuivaient.

Au total, l'OSDH, qui s'appuie sur un réseau d'informateurs travers le pays, a recensé au moins 70 morts samedi en Syrie.

"UNE GUERRE MONDIALE"

Sur le front diplomatique, l'Iran, allié régional de Damas, a haussé le ton face à l'Otan, qui a autorisé la semaine dernière le déploiement, à la demande d'Ankara, de batteries de Patriot pour renforcer ses défenses aériennes contre d'éventuels tirs de missiles syriens.

Au total, six batteries de missiles antimissile seront envoyées par les Etats-Unis, l'Allemagne et les Pays-Bas.

"Chacun de ces Patriot est une marque noire sur la carte du monde et vise à provoquer une guerre mondiale", a prévenu samedi le général Hassan Firouzabadi, chef d'état-major de l'armée iranienne.

"Ils se préparent à une guerre mondiale, et c'est très dangereux pour l'avenir de l'humanité et pour l'avenir de l'Europe elle-même", a-t-il ajouté.

La veille, le commandant suprême des forces alliées en Europe, l'amiral James Stavridis, a justifié le déploiement de ces missiles antimissile par le risque pesant sur la Turquie, membre de l'Otan et frontalière de la Syrie.

"Nous avons une obligation absolue de défendre les frontières de l'alliance de toute menace émanant de cet Etat qui traverse une période troublée", a-t-il dit expliqué, ajoutant que plusieurs Scuds syriens étaient tombés "très près" de la frontière turque ces derniers jours.

Les autorités syriennes ont démenti jeudi avoir recours à des missiles de ce type contre les rebelles.

La Russie, l'un des derniers alliés de Damas qui a stoppé à trois reprises l'adoption d'une résolution au Conseil de sécurité des Nations unies, a admis cette semaine qu'"on ne pouvait malheureusement pas exclure la victoire de l'opposition syrienne".

La portée de ces propos, tenus par Mikhaïl Bogdanov, vice-ministre des Affaires étrangères chargé du Moyen-Orient, a été atténuée vendredi dans un communiqué émanant du ministère qui souligne que le diplomate n'a fait que réitérer la position de Moscou.

Les Russes, estime une source diplomatique française, "risquent vraiment de se retrouver du mauvais côté de l'Histoire".

"Nous ne comprenons pas le raisonnement objectif qui justifie qu'ils gardent cette position, car même les arguments crédibles qu'ils mettaient en avant ne tiennent plus", ajoute cette source, soulignant qu'en se maintenant coûte que coûte au pouvoir, Bachar al Assad prolonge le chaos et alimente la radicalisation des islamistes sunnites qui ont rejoint la rébellion.

"MON INQUIÉTUDE N'EST PAS QUE L'ARMÉE SYRIENNE S'EN SERVE"

Au niveau européen, les chefs d'Etat et de gouvernement de l'Union européenne, réunis à Bruxelles, ont déclaré vendredi que toutes les options étaient à l'étude pour soutenir l'opposition syrienne et ont chargé leurs ministres des Affaires étrangères d'étudier toutes les possibilités pour accroître la pression sur le dirigeant syrien.

En visite vendredi à Moscou, le général danois Knud Bartels, qui préside le comité militaire de l'Otan, a déclaré que les développements suggéraient la chute du régime d'Assad, même s'il estime impossible de prédire à quel moment elle interviendra.

"Vous pourriez dire que je suppose peut-être qu'Assad va disparaître. J'ai tendance à penser que c'est en effet le cas", a-t-il ajouté, appelant les pays de l'Otan à préparer la suite pour éviter notamment que l'arsenal chimique du régime syrien ne tombe entre de mauvaises mains.

"Mon inquiétude n'est pas que les forces armées syriennes s'en servent, mais, si nous supposons que le régime Assad va disparaître d'une manière ou d'une autre, qui contrôlera alors ces armes chimiques?", a-t-il dit.

"Et je n'ai pas besoin de vous dire qu'il n'est pas nécessaire de disposer d'un stock important pour propager une catastrophe dans le métro de New York, Londres, Paris ou Moscou."

Avec Dominic Evans à Beyrouth et John Irish à Paris; Henri-Pierre André pour le service français
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Source: http://fr.news.yahoo.com/laviation-syrienne-bombarde-%C3%A0-lest-damas-141353215.html