samedi 14 juillet 2012

La flotte russe rentre dans l'océan mondial


Photo : RIA Novosti

Une nouvelle mission d'une importante flotte russe a fait paraître une multitude d'articles ayant pour titre « Les Russes arrivent en Syrie » ou quelque chose de pareil. L'explication d'un regain d'activité de la flotte russe est plus simple et, dans le même temps, plus compliquée.

 Autrefois les missions de longue durée étaient une norme pour la Marine de guerre de l'URSS. Des dizaines de navires de combat, de bâtiments auxiliaires et de sous-marins étaient en permanence présents dans l'Atlantique, dans la Méditerranée, dans les océans Indien et Pacifique. Depuis le milieu des années 1960, la flotte soviétique était constamment un « facteur de force » pris en considération dans l'océan mondial ne cédant que légèrement à l'activité navale de son adversaire principale, la Marine de guerre des Etats-Unis. Quatre escadres opérationnelles soviétiques ont été déployées dans l'océan mondial : la 5e dans la Méditerranée, la 7e dans l'Atlantique, la 8e dans l'océan Indien, le Golfe compris, et la 10e dans le Pacifique.


Aujourd'hui les réalités ont beaucoup changé. Après de longues années d'inaction forcée la réapparition de grands groupes de navires battant pavillon russe suscite l'étonnement, voire l'irritation. Pourtant, si la Russie se propose en effet de rétablir son statut de puissance navale, cette réalité doit être changée. Les missions permanentes et, dans l'avenir, la présence permanente dans les régions d'intérêts vitaux, doivent redevenir chose courante dans la pratique de la Marine de guerre russe.

L'escadre russe qui comptera, à des moments différents, de 10 à 19 bâtiments de guerre et navires auxiliaires, sans compter les sous-marins, devra réaliser plusieurs exercices dans l'Atlantique, dans la Méditerranée et dans la mer Noire. Dans le contexte de la Syrie, il convient de noter la présence dans l'escadre des navires de débarquement (3 ou 5 dans des périodes différentes) qui pourraient être utilisés pour ramener des renforts à la base russe de Tartous ou pour évacuer le personnel et les biens de Russie. Les intentions des forces navales russes ne sont pas communiquées, mais il est évident qu'il n'est pas question d'évacuation de la base. Le renforcement de ses effectifs est également peu probable.

L'objectif principal de la Marine russe consiste plutôt à « démontrer la présence » dans une région troublée en vue de prévenir une intervention extérieure dans les événements en Syrie. La plupart des navires participant aux exercices est d'un âge avancé et ces 10 ou 15 prochaines années ils iront à la casse. Mais la relève est déjà en construction : des frégates et corvettes de nouvelle génération, des navires de débarquement de classe Mistral, ainsi que de nouveaux navires de débarquement russe du projet 11711.

La condition principale d'une flotte apte au combat est l'existence d'équipages et d'états-majors bien formés. Cette formation est impossible en absence de missions de longue durée permanentes des navires et des groupes de navires, en absence d'exercices et d'opérations concrètes. En ce qui concerne ces dernières, il convient de noter la présence d'un petit détachement de navires russes dans la région de la Corne africaine. Il s'agit, en règle générale, d'un escorteur ou d'un navire anti-sous-marins accompagnés de un ou deux bâtiments auxiliaires.

Les missions des navires russes devenues plus fréquentes permettent d'espérer qu'au moment où des escadres pourront être formées avec des navires nouveaux la Russie aura suffisamment de marins qualifiés pour former les équipages et remplir les missions assignées. Les politiques et la presse étrangers devront de nouveau s'habituer à ce que la flotte russe est un facteur permanent de la politique mondiale.


Source: http://french.ruvr.ru/2012_07_13/navire-Flotte-maritime-militaire-Marine-Russie/